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Sonothérapie : Les vibrations sonores pour apaiser le corps et l’esprit :

 

Le soin par le son, ou sonothérapie, pratiqué depuis des millénaires au Tibet, au Népal et en Inde, connaît de plus en plus d’adeptes. Zoom sur les bienfaits de cette pratique anti-stress qui commence à intéresser le milieu médical, notamment en oncologie.

Allongé sur un tapis au sol, les yeux fermés, le bain ou massage sonore consiste à se laisser envelopper par le son émis par de multiples instruments ancestraux tels que les gongs, bols tibétains, diapasons ou carillons. Contrairement à la méditation, il n'y a pas d'effort à fournir : il s’agit simplement de se laisser "toucher par la vibration", explique Katherine Hollier, sonothérapeute à Annecy, formée à l'utilisation des bols tibétains. "Chaque instrument a une fréquence vibratoire spécifique qui se propage dans le corps comme une vague à la surface de l’eau", poursuit la thérapeute.

Depuis des millénaires, au Tibet et dans les temples bouddhistes népalais, les bols chantants sont utilisés pour résonner au rythme des méditations et de la récitation des mantras. Selon la tradition tibétaine, ils doivent être constitués de sept métaux (cuivre, étain, argent, fer, mercure, or, plomb), chacun correspondant à l’un des sept chakras.

 

Sonothérapie : l’eau du corps comme conducteur 

 

Nous sommes constitués d’eau à 65 % en moyenne. C’est ainsi que "les ondes se propagent dans tout le corps, déclenchant un massage en profondeur, d’où un état de détente immédiat", avance Katherine Hollier. Dès les premières séances, "le mental se calme rapidement. Les personnes se concentrent sur le son et entrent dans un état modifié de conscience, profondément connectées à leurs sensations", constate-t-elle. Cependant, la sonothérapie est à éviter pour les personnes portant un pacemaker, les épileptiques et les femmes enceintes de moins de quatre mois ou de plus de huit mois.

 

Des bienfaits thérapeutiques :

 

Au-delà de la détente profonde, la sonothérapie aurait des vertus thérapeutiques pour traiter certaines pathologies que la médecine traditionnelle a du mal à guérir, telles que la fibromyalgie, les troubles du sommeil ou encore les addictions, déclare Katherine Hollier.

Diane Mandle, sonothérapeute franco-américaine depuis vingt-cinq ans, explique que "95 % des pathologies modernes sont liées au stress". Réduire l’état de stress est fondamental pour retrouver la santé, selon cette spécialiste qui a travaillé dans un centre de cancérologie à San Diego pendant quatre ans, accompagnant les effets de la sonothérapie. Parmi les bienfaits observés : réduction de la douleur en cas de cancer et de fibromyalgie, soulagement du syndrome de fatigue chronique et de la dépression. "Pour comprendre la sonothérapie, il faut se familiariser avec la philosophie tibétaine, où tout est relié", explique Diane Mandle. La sonothérapie invite à modifier la conscience et le vécu spirituel et émotionnel des événements, y compris la maladie.

 

La sonothérapie : un effet apaisant sur le cerveau :

 

La sonothérapie agit directement sur le cerveau, comme on peut l’observer à l’encéphalogramme. "Les fréquences des différents sons se synchronisent avec les ondes cérébrales", explique Diane Mandle. L’état de relaxation profonde induit par les sons ralentit l’activité cérébrale, activant les ondes « alpha » (entre 8 et 12 Hz), associées à la relaxation et à la récupération profonde. En revanche, les ondes « bêta » (entre 12 et 20 Hz) sont associées à l’état de vigilance et de concentration. "Les bols influencent également le rythme cardiaque et respiratoire grâce à leurs effets sur le nerf vague, un nerf crânien", détaille Diane Mandle. Par ce nerf, l’information sonore voyage, harmonisant l’activité du cerveau, du cœur et de la respiration, créant un effet de bien-être.

 

Des recherches médicales déjà en cours :

 

Une revue scientifique de juin 2020, incluant quatre études sur la sonothérapie, conclut à des améliorations de la détresse, de l’anxiété, de la dépression, de la fatigue, de la tension, de la colère, de la confusion et de la vigueur. D'autres constatations incluent des améliorations de la pression artérielle, de la fréquence cardiaque, de la fréquence respiratoire et des bénéfices cardiovasculaires. Les patients étaient atteints d’un cancer métastatique ou souffraient de douleurs rachidiennes chroniques.

Selon une étude précédente publiée en 2013 dans *Psycho-Oncology*, la méditation tibétaine par le son favorise le maintien des fonctions cognitives chez des patients atteints de cancer suivant une chimiothérapie. Leur santé mentale et spiritualité s'améliorent également.

 

Des sons qui résonnent de plus en plus :

 

Dès les années 1990, le cancérologue nord-américain renommé Dr. Mitchell L. Gaynor a prêté attention aux pouvoirs du son. Il a publié un ouvrage de référence sur les vertus des bols tibétains en soins de support des traitements médicamenteux du cancer :

"Sounds of Healing"(Les sons qui guérissent), en 1999. En Europe, à la même période, un ingénieur physicien allemand, Peter Hess, a commencé à démocratiser et enseigner la sonothérapie, avec pour objectif de l’appliquer à la société occidentale en se concentrant sur les problèmes de stress chronique. En 1997, il a ouvert une première école en Allemagne. Depuis, une vingtaine de structures de l’Institut Peter Hess forment des praticiens au massage sonore dans le monde.

Un centre dédié à la sonothérapie, Zen and Sounds, a ouvert ses portes en 2018 à Paris. Il propose des bains de gongs collectifs et des soins sonores individuels aux bols tibétains.

Aujourd’hui, la sonothérapie attire les adeptes de stages de yoga ou de retraites de méditation. Des lieux divers, comme les studios de yoga, instituts, spas et thalassothérapies (Alliance Pornic, Thalazur Bandol, Serge Blanco à Hendaye), ont également vu émerger des massages sonores aux bols tibétains.

 

Percée en milieu hospitalier :

 

Comme la musicothérapie, la sonothérapie fait progressivement son entrée à l’hôpital pour améliorer le bien-être des patients. C’est le cas au CHU de Saint-Étienne, où une sonothérapeute intervient en soins palliatifs depuis 2011. À l'hôpital de La Pitié-Salpêtrière, à Paris, le Pr Pascal Leprince a créé un espace utilisant les sons de bols pour réduire le stress, la quantité de médicaments administrés, la douleur, et l’anxiété avant et après une intervention de chirurgie cardiaque.

Au sein de centres de médecine intégrative comme l’Institut Rafaël à Levallois-Perret, les malades de cancer peuvent bénéficier de bains sonores "harmonisants". 

 

Par Isabelle Frenay, publié le 08/03/2021
Journaliste santé, auteure et sophrologue


Source : https://www.bioalaune.com/fr/actualite-bio/38938/sonotherapie-soin-maladie